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Théophile Gautier, Watteau

01.05.2018

Aus: La comédie de la mort

Devers Paris, un soir, dans la campagne,
J’allais suivant l’ornière d’un chemin,
Seul avec moi, n’ayant d’autre compagne
Que ma douleur qui me donnait la main.

L’aspect des champs était sévère et morne,
En harmonie avec l’aspect des cieux,
Rien n’était vert sur la plaine sans borne,
Hormis un parc planté d’arbres très vieux.

Je regardai bien longtemps par la grille ;
C’était un parc dans le goût de Watteau :
Ormes fluets, ifs noirs, verte charmille,
Sentiers peignés et tirés au cordeau.

Je m’en allai l’âme triste et ravie ;
En regardant, j’avais compris cela :
Que j’étais près du rêve de ma vie,
Que mon bonheur était enfermé là.

 

Watteau

Unweit Paris, ein Abend auf dem Lande,
alter Wege Spuren ging ich nach,
allein, da sich kein andrer zu mir wandte
als mein Leid, das einzig mit mir sprach.

Die Felder waren eine trübe Wüste
so wie der Himmel über mir,
kein grüner Fleck der Brachen grüßte,
da hob ein Park mir alter Wipfel Zier.

Ich blickte lang durchs Rostgestänge:
ein Park im Stile von Watteau.
Ulmen, schwarzer Taxus, Laubengänge,
geharkte Pfade, Rokoko.

Ich ging, entzückt und doch verdrossen,
ich begriff, was ich dort sah:
meines Lebens Traum war nah,
und mein Glück war eingeschlossen.

 

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