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Stéphane Mallarmé, Apparition

26.10.2016

La lune s’attristait. Des séraphins en pleurs
Rêvant, l’archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l’azur des corolles.
–C’était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S’enivrait savamment du parfum de tristesse
Que même sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d’un Rêve au cœur qui l’a cueilli.
J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vielli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m’es en riant apparue
Et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d’enfant gâté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d’etoiles parfumées.

 

Erscheinung

Der Mond ward düster. Seraphine weinten im Traum,
sie hielten den Bogen, still an blumenduftigem Saum,
entlockten helle Seufzer hinsterbenden Violen,
die im Blau des Himmels streiften an Gladiolen.
– Es war des ersten Kusses Tag, dich zu erwählen.
Ich mag es, wenn ich träume, mich zu quälen,
mein Traum, er trug kokett den Duft Tristesse,
und gönnte ohne Reue doch und ohne Blässe
dem Herzen seine Lese, Trauben, die es pflückte.
Ich irrte, Blicke stier auf Steine, moosbestückte,
als, im Haare Sonnenflecken, auf den Serpentinen
des Abends du bist lächelnd mir erschienen.
Ich sah wohl unterm Hut des Lichts die Fee,
die vor zartem Knaben durch die Traumallee
einst entschritt, und immer ließ der Hände Benedeien
mir weiß und duftend Sternenblüten schneien.

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