Rainer Maria Rilke, Cimetière
Exercises et Évidences
Y en a-t-il d’arrière-goût de la vie dans ces
tombes? Et les abeilles, trouvent-elles dans
la bouche des fleurs un presque-mot qui se
tait? Ô fleurs, prisonnières de nos instincts
de bonheur, revenez-vous vers nous avec
nos morts dans les veines? Comment
échapper à notre emprise, fleurs? Comment
ne pas être nos fleurs? Est-ce de tous ses
pétales que la rose s’eloigne de nous? Veut-
elle être rose-seule, rien-que rose? Sommeil
de personne sous tant de paupières?
Friedhof
Gibt es einen Nachgeschmack des Lebens in diesen
Gräbern? Und die Bienen, finden sie im
Mund der Blumen ein Beinahe-Wort, das sich
verschweigt? O Blumen, Gefangene unserer Gier
nach Glück, kehrt ihr nach unserem Tod zu uns
zurück in unsere Venen? Wie wollt, Blumen,
ihr unserem Zugriff entrinnen? Wie
nicht unsere Blumen sein? Fliegt auf all ihren
Blütenblättern uns davon die Rose? Will
sie Rose sein allein, nichts als Rose? Niemandes
Schlaf unter so viel Lidern?
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