Maurice Carême, L’École
L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Au-dedans, c’était plein de rondes ;
Au-dehors, plein de pigeons blancs.
On y racontait des histoires
Si merveilleuses qu’aujourd’hui,
Dès que je commence à y croire,
Je ne sais plus bien où j’en suis.
Des fleurs y grimpaient aux fenêtres
Comme on n’en trouve nulle part,
Et, dans la cour gonflée de hêtres,
Il pleuvait de l’or en miroirs.
Sur les tableaux d’un noir profond,
Voguaient de grandes majuscules
Où, de l’aube au soir, nous glissions
Vers de nouvelles péninsules.
L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Ah ! que ne suis-je encor dedans
Pour voir, au-dehors, les colombes !
Die Schule
Die Schule lag am Weltenende.
Die Schule lag am Rand der Zeit.
Innen waren geschwungene Wände,
Draußen Turteltauben, als hättʼs geschneit.
eschichten konnte man dort hören,
wunderbar von Anbeginn.
Wollen sie wieder mich betören,
weiß ich nicht mehr, wo ich bin.
Um die Fenster rankten sich Blüten,
wie man ihnen nie begegnet.
Blutbuchen im Schulhof erglühten,
in Spiegeln hat es Gold geregnet.
Auf den Tafeln schwarz wie Teer
segelten Großbuchstabenscharen,
wir sind vom Nord- zum südlichen Meer
zu neuen Inseln ausgefahren.
Die Schule lag am Rande der Welt,
die Schule lag im Zeitengrauen.
Ach, wieder dort aus dem Fenster zu schauen,
wie Taubengefieder den Hof erhellt!
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