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Jean-Yves Masson, Je me souviens d’un jardin d’encre

05.11.2018

Aus: Poèmes du festin céleste

Je me souviens d’un jardin d’encre dans un livre
que l’on avait déplié contre le mur,
où l’on suivait des yeux la forme des nuages
que le pinceau avait décrite avec douceur.
Dehors, dans les jardins, je retrouvais l’œuvre du peintre,
les arbres d’encre torturés qui se dressaient
devant l’étang, refusant d’affronter le ciel
et protégeant la terre éprise de leurs branches.
Et je me suis penché vers l’eau dormante
qui formait dans les joncs un signe d’eau.
Moi, le fils d’Occident, sur la terre orientale,
je contemplais, en ignorant, le fruit de la sagesse
d’un lettré du Japon qui avait fait tracer
dans ce jardin avec de l’eau le nom de l’eau.
Et tel est l’art : non pas expliquer mais comprendre,
et ne cacher que ce que l’on veut faire voir.

 

Ich erinnere mich an einen Garten aus Tinte in einem Buch,
das man an einer Mauer aufgeblättert hatte,
wo die Augen Wolkenformationen folgten,
von einem Pinsel voller Zartheit aufgemalt.
Draußen in den Gärten fand ich das Werk des Malers wieder,
die Bäume in der Tintenmarter, die vor dem Teich
aufragten, die Stirn vom Himmel abgewandt
und die verliebte Erde mit ihren Zweigen schirmend.
Ich beugte mich über das schlafende Wasser,
das im Schilf ein Wasserzeichen formte.
Ich, der Sohn des Abendlands auf orientalischer Erde,
ich beschaute, ohne zu verstehen, die Frucht der Weisheit
eines gebildeten Japaners, der in diesem Garten
mit Wasser den Namen Wasser schrieb.
Dies ist die Kunst: nicht erklären, sondern verstehen,
und nur verbergen, was man offenbaren will.

 

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