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Jean-Yves Masson, De quoi me parlais-tu, ma mère

11.11.2018

Aus: Onzains de la nuit et du désir

De quoi me parlais-tu, ma mère, avant le jour,
de quel pays lorsque je n’étais qu’aube
et que m’enveloppait la nuit ?
Je sais. Nous habitâmes une terre de joie,
dans le commencement du monde avec les ombres
de l’avenir, qui était le pays de la patience.
Dans le jardin d’avant l’aurore où la lumière
avait lentement mis ses marques, ses empreintes,
tes paroles naissaient comme s’ouvrent des fleurs
et je guettais loin par-delà les grilles
le mystérieux silence de la bonté.

 

Wovon sprachst, Mutter, du mir, vor Anbruch des Tages,
von welchem Land, da ich nichts war als Morgengrauen
und die Nacht sich um mich geschlungen?
Ich weiß. Wir wohnten auf einer Erde der Freude,
als die Welt anhob mit den Schatten
des Kommenden, das ein Land der Geduld war.
Im Garten vor dem Morgenrot, wo das Licht
nach und nach seine Zeichen gesetzt hatte, seine Fußspuren,
traten deine Worte zutage, wie Blumen sich öffnen,
und ich erriet weit jenseits der Gitter
die geheimnisvolle Stille der Güte.

 

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