Jean Raspail, De la Tenue (mit deutscher Übersetzung)
S’il existe en français, pour s’adresser à autrui, deux pronoms personnels de la deuxième personne, l’un au singulier, TU, l’autre où pluriel, VOUS, appelé pluriel de politesse, c’est que notre langue se plaît à certaines nuances qui sont les bases de la civilité. Il ne s’agit pas là de code, de formalisme de classe, de snobisme, de règles mondaines, mais simplement d’usages naturels, qui se perdent et qui faisaient, entre autres, le charme et l’équilibre de la France et le plaisir d’être Français.
Ce plaisir-là s’émousse. On me dira que d’autres motifs plus graves et plus irritants y concourent, d’autres lésions de civilisation, et que c’est considérer les choses par le petit bout de la lorgnette, mais dans ce seul domaine de la civilité, de petites causes peuvent entraîner de grands effets dévastateurs.
La Révolution française, jusqu’à l’avènement du Directoire, savait ce qu’elle faisait en imposant le tutoiement général et en interdisant l’emploi des vocables Monsieur et Madame qui marquaient au moins une déférence réciproque : elle égalisait au plus bas niveau, celui du plus grand dénominateur commun de la familiarité.
Aujourd’hui, ce sont d’abord nos enfants que nous voyons condamnés à être partout tutoyés, comme sous la Révolution. Je ne m’en prends point au tutoiement naturel d’affection et d’intimité (la famille, les amis), ou de solidarité (les copains, les camarades,), mais à celui que leur infligent systématiquement les adultes, comme si l’enfant n’avait pas droit au respect et à la liberté de choisir selon son coeur et ses humeurs qui a, ou qui n’a pas, le loisir de le tutoyer.
D’une façon significative, et qui ne doit rien au hasard, cela commence dès l’école, où plus un instituteur ne prend la peine de vouvoyer (ou voussoyer) un enfant. Au premier jour de classe, l’ex-maître devenu enseignant par banalisation de la fonction et refus de cette sorte de sacerdoce qu’elle représentait autrefois, ne demande plus à l’enfant dont il fait connaissance: « Comment vous appelez-vous ? », ce qui serait au moins du bon français, mais : « C’est quoi, ton nom ? »
Sans que l’enfant en ait conscience, le voilà déjà rabaissé, marqué comme un élément de troupeau. On lui eût dit « vous » d’emblée, ainsi qu’à ses camarades, qu’ils en auraient retiré, tous ensemble, l’impression d’être considérés et appelés à de grands destins, ce qui est faux, naturellement, pour la plus grande partie d’entre eux, mais représente quand même un meilleur départ dans la vie que d’être ravalés dès l’enfance au matricule du tutoiement.
Le jeune élève va être vite conditionné. Dès qu’il saura lire et écrire, ses premiers livres « d’éveil » lui poseront leurs premières questions sous la forme autoritaire du tutoiement : « Dessine ici un arbre, une vache…. » ou encore : « Ecris les noms des fleurs que tu connais… » Ce n’est pas bien méchant, mais c’est ainsi que le pli se prend.
Au catéchisme, devenu catéchèse, l’accueil en TU n’es pas différent, mais ses effets en sont plus marquants, car il s’agit de choses plus graves : c’est l’âme qui se fait tutoyer d’entrée. L’ouvrage « Pierres vivantes » qui fit couler tant d’encre à cause de certaines énormités qu’il contient, distille son enseignement par le biais d’une complicité, et non d’un magistère, que le tutoiement impose à l’enfant.
Tout cela semble si bien admis, que c’est un aspect des choses que personne, à ma connaissance n’a jusqu’à présent souligné. On pose pour principe que l’enfant s’y trouve plus à l’aise. C’est sans doute vrai eu premier degré. Cette pente-là est facile et semble toute naturelle C’est justement pourquoi l’on devrait s’en méfier…
Car dans cet immense combat de société qui divise le pays depuis déjà longtemps, et qui est loin d’être terminé, quelles que soient ses péripéties politiques, nos enfants sont un enjeu formidable : ils représentent l’avenir. Tout se tient et c’est au nom de l’égalitarisme et de l’uniformité larvée qu’on prive ainsi l’enfant de la déférence élémentaire et du respect qu’on lui doit.
Le tutoiement qui sort de la bouche d’un instituteur, fût-il de l’enseignement privé, et de la plupart de ceux qui font profession de s’occuper des enfants, est d’abord un acte politique, même s’il est inconscient. Cela fait partie du dressage, et cela donne des résultats. Déjà, une bonne partie de la France adulte, et toute la France juvénile, se tutoient, dans un grand dégoulinement de familiarité, qu’on appelle aujourd’hui la CONVIVIALITÉ, mot de cuistre, alibi de cuistre, camouflage de cuistre. De la convivialité à la vulgarité, le pas est vite franchi.
Dans de nombreux milieux du travail, le tutoiement devient un passeport obligatoire, dont on ne saurait se passer sous peine de déviationnisme bourgeois, alors que, chez les compagnons d’autrefois, c’était le vouvoiement qui marquait l’esprit de caste. De CASTE, pas de classe.
Au sein du parti communiste, comme du parti socialiste, dans la “République des camarades”, le tutoiement est de rigueur. Seul François Mitterrand y faisait exception lorsqu’il était premier secrétaire de son parti. Il détestait qu’on le tutoie, et allait jusqu’à l’interdire, ce qui montre assez bien, à mon sens, que son socialisme était seulement d’ambition et non de conviction…
Mais, pour le commun des Français, aujourd’hui, il importe de ne pas être FIER, car ce mot-là, justement, par ce qu’il entraîne de dignité et de sentiment élevés, est devenu l’un des nouveaux parias de notre vocabulaire.
Cela peut paraître sympathique, amical, empreint de simplicité. En réalité, ce n’est qu’un piège. Quand les convenances du langage tombent, l’individu perd ses défenses naturelles, rabaissé au plus bas niveau de la civilité. N’a pas d’autre but non plus la destruction de la langue française préparée dans les laboratoires subversifs de l’Education nationale, et dont on mesure déjà les effets…
Pour ma part, j’ai été dressé autrement. Je me souviens de la voix du maître qui tombait de l’estrade : «Raspail! Vous me copierez cent fois…» ou : «Raspail! Sortez!»
J’avais neuf ans. C’était juste avant la guerre, dans une école laïque de village. Plus tard, au lycée (et ce n’est pas pour rien qu’on a cassé certaines façons, là aussi), les professeurs nous donnaient naturellement du MONSIEUR sans la moindre dérision : « Monsieur Raspail, au tableau ! » On se vouvoyait entre condisciples, réservant le tutoiement à un nombre restreint de camarades choisis.
Choisir, tout est là ! Ne rien se laisser imposer sur plan des usages, ni le tutoiement d’un égal, ni à plus forte raison celui d’un supérieur.
Il y avait une exception, de ce temps-là : le scoutisme. Je me souviens de ma surprise quand je m’étais aperçu, à onze ans, qu’il me fallait tutoyer cet imposant personnage en culottes courtes qui devait bien avoir trente ans, et qui s’appelait le scoutmestre, et qu’à l’intérieur de la troupe tout le monde se tutoyait aussi avec une sorte de gravité. Mais il s’agissait là d’une coutume de caste, d’un signe de reconnaissance réservé aux seuls initiés, comme la poignée de main gauche, l’engagement sur l’honneur, et les scalps de patrouille, car le scoutisme avait alors le génie de l’originalité, une soif de singularité forcenée, dont nous n’étions pas peu fiers. On se distinguait nettement de la masse, on s’élevait par degrés à l’intérieur de cette nouvelle chevalerie, mais il fallait s’en montrer digne.
En revanche, on vouvoyait Dieu. Cela nous semblait l’évidence même. La prière scoute chantée commençait ainsi: « Seigneur Jésus, apprenez-moi à être généreux, à Vous servir comme Vous le méritez… » C’est la plus belle prière que je connaisse. Il m’arrive encore de m’en servir. Voit-on comme la musique des mots eût été différente à la seconde personne du singulier, et comme elle parlerait autrement à l’âme: « … A Te servir comme Tu le mérites. » ? C’est sec, cela n’a pas de grandeur, cela ne marque aucune distance, on dirait une formalité. Et cependant, aujourd’hui, c’est ainsi que l’on s’adresse à la Divinité, on lui applique le tutoiement le plus commun en français. Et le reste a capoté en série: la liturgie, le vocabulaire religieux, la musique sacrée, le comportement de la hiérarchie, la laïcisation du clergé, la banalisation du mystère, si l’on s’en tient aux seules lésions apparentes. Dieu est devenu membre du parti socialiste. L’usage est de le tutoyer.
Au chapitre des habitudes, ou plutôt des attitudes, j’ai conservé celle de vouvoyer aussi les enfants qui ne me sont pas familiers, et d’appeler Monsieur ou Mademoiselle les jeunes gens que je rencontre pour la première fois. La surprise passé, ils me considèrent avec beaucoup plus de sympathie, et j’ai même l’impression qu’ils m’en sont reconnaissants. Nous tenons des conversations de bien meilleure venue, et les voilà qui se mettent à surveiller leur langage, c’est-à-dire à s’exprimer correctement en français, comme si d’avoir été traités avec déférence leur donnait des obligations nouvelles et salutaires. Les négations et les liaisons réapparaissent miraculeusement dans la phrase (je n’ai pas, au lieu de j’ai pas, c’est-t-un an lieu de c’est-h-un, etc.), la prononciation se redresse (je suis pour chuis, je ne sais pas pour chais pas, etc.), le goût de l’élégance verbale ressuscite. Faites vous-même l’essai, vous verrez. La dignité du langage et la dignité de la personne se confondent le plus souvent. Voilà pourquoi l’on parle si mal en ce moment…
Oserai-je avouer ici que mes enfants me vouvoient, et vouvoient également leur mère ? Cela depuis leur plus jeune âge, et sans aucun traumatisme. Sans vouloir convertir personne à ce qui peut paraître une ostentation, là aussi il faut constater que le langage courant au sein de la famille s’en trouve naturellement affiné. Et même dans les affrontements, qui ne manquent pas, un jour ou l’autre, vers la fin de l’adolescence, d’opposer les enfants à leurs parents, le vouvoiement tempère l’insolence et préserve de bien des blessures. Il en va de même entre époux, encore que ce vouvoiement-là soi devenu aujourd’hui une sorte de curiosité ethnographique, et Dieu sait pourtant les services de toutes sortes qu’il rend. Je le pratique depuis trente-cinq ans que je suis marié. C’est un jeu divertissant, dont on ne se lasse jamais. Même dans le langage le plus routinier, l’oreille est toujours agréablement surprise. Les scènes dites de ménage, fussent-elles conduites avec vigueur, s’en trouvent haussées à du joli théâtre. On a envie de s’applaudir et de souper ensemble au champagne après le spectacle. Toutes les femmes qui ont compté dans ma vie, je les ai toujours voussoyées, et réciproquement, pour l’honneur de l’amour en quelque sorte. Puis-je espérer, sans trop, y croire, que, tombant sur cette chronique, un jeune couple s’en trouvera convaincu, au moins curieux de tenter l’expérience ? En public, ils étonneront les autres, ce qui est déjà une satisfaction en ces temps d’uniformité où se nivellent médiocrement les convenances sociales. En privé, ils s’amuseront beaucoup aux mille et une subtilités, du vous, et je prends le pari qu’ils ne rebrousseront pas chemin de sitôt.
Dans un tout autre domaine, j’assistais récemment aux obsèques d’un ami cher, Christian, de son prénom, mais il avait aussi un nom, fort joli nom d’ailleurs. Eh bien, le prêtre, qui l’avait jamais vu vivant, qui ne l’avait même jamais vu du tout, le trairait à tu et à toi, selon les piètres dispositions du nouvel office des morts : « Christian, toi qui.. Christian, toi que… Christian, Dieu te… et ta famille… » Exactement comme pour les enfants sans défense ! En vertu de quoi, au nom de quoi, la familiarité doit-elle répandre ses flots visqueux jusque sur les cercueils ? Bossuet tutoyait-il les princes en prononçant leurs oraisons funèbres ? Or chaque défunt est un roi, enfin couronné, et sacré à jamais. Quant au nom patronymique de Christian, celui sans lequel le prénom de baptême n’est rien, il ne fut pas une seule fois prononcé ! Et pourquoi pas la fosse commune obligatoire, dans la même foulée…
Car me frappe tout autant, l’emploi généralisé du prénom seul, en lieu et place du patronyme précédé on non du prénom, et cela dans toutes les circonstances de la vie où il n’est pas nécessaire de présenter une carte d’identité : « C’est quoi, ton nom? Serge. Moi, c’est Jocelyne… » Serge qui ? Jocelyne qui ? Les intéressés eux-mêmes semblent ne plus, s’en soucier. Il y a des dizaines de milliers de Serge, des dizaines de milliers de Jocelyne, alors qu’il n’existe qu’un seul Serge X., qu’une seule Jocelyne Z. Mais on se complaît dans l’anonymat. On y nage à l’aise, on s’y coule avec délices, on n’y fait pas de vague, semblable aux milliers de milliers, on n’éprouve pas le besoin de faire claquer son nom comme un drapeau et de brandir ce drapeau au dessus de la mêlée.
Qu’on se rassure, toutefois. Il nous restera au moins à chacun, le numéro matricule de la Sécurité sociale. Celui-là, on y tient.
J’en connais même qui se battront pour ça…
Source: http://jeanraspail.free.fr/divers.htm
Jean Raspail, Vom Anstand
Wenn es für die Anrede an das Gegenüber im Französischen zwei Personalpronomina gibt, eines im Singular, nämlich TU, eines im Plural, nämlich VOUS, welches man auch den Plural der Höflichkeitsform nennt, dann rührt das daher, dass sich unsere Sprache in dem nuancenreichen Spiel des zivilisierten Umgangs gefällt. Es geht hier gar nicht um eine Vorschrift, einen Formalismus einer Klasse, um Snobismus oder mondäne Benimmregeln, sondern schlicht und einfach um einen naturgemäßen Brauch, der verlorengeht und der unter anderen den Zauber und das geistige Gleichgewicht Frankreichs ausgemacht hat sowie die Freude, Franzose zu sein.
Diese Freude ist fast stumpf geworden. Man teilt mir mit, dahinter steckten andere Gründe, schwerwiegendere und verstörendere, andere Zivilisationsschäden, und dies sei ja wohl eine Art, die Dinge aus dem engen Winkel eines Opernglases zu betrachten. Indes, gerade auf dem Felde der Höflichkeit vermögen kleine Veränderungen große Zerstörungen im Gefolge zu haben.
In der Französischen Revolution bis hin zum Direktorium wusste man, was es bedeutete, das Duzen zur allgemeinen Bürgerpflicht auszurufen und die Anredeformen Monsieur und Madame unter Kuratel zu stellen, Formen, die zumindest eine gegenseitige Achtung anzeigten: Sie schufen eine gemeinsame Ebene auf der untersten Stufenleiter familiärer Vertrautheit.
Heute sehen wir, wie in erster Linie unsere Kinder zum unterschiedslosen Du-Sagen verdonnert sind, wie zu Zeiten der Revolution. Ich schreibe diese Entwicklung keineswegs dem natürlichen Drang zu duzen zu, den man im intimen Umgang der Familie und der Freunde verspürt oder auch im kameradschaftlichen Verkehr mit Kumpeln und Kumpanen, sondern dem Zwang, den ihnen die Erwachsenen durch die Bank auferlegen, als hätten Kinder kein Recht darauf, sich untereinander Respekt zu zollen und nach Lust und Laune zu duzen oder zu siezen.
Die Anfänge gewahren wir nicht zufällig in der Schule, wo kaum noch ein Lehrer sich die Mühe macht, die Kinder zu siezen. Am ersten Schultag fragt der Lehrer, der längst vom einstigen Amt des Lehrmeisters zum banalen Wissensvermittler herabgestiegen ist, nicht mehr: „Wie heißen Sie?“, das wäre immerhin noch eine gewählte Ausdrucksweise, sondern: „Wie ist dein Name?“
Ohne es noch zu bemerken, wird das Kind erniedrigt, als ein Herdenmitglied gebrandmarkt. Hätte man es gleich gesiezt, so wie auch seine Mitschüler, hätten sie gemeinsam den Eindruck gewonnen, sie wären zu Höherem berufen, was für den großen Haufen natürlich nicht der Fall ist, aber einen besseren Start ins Leben darstellt, als von Kindheit an nur am Katzentisch des Duzens Platz nehmen zu dürfen.
Der junge Schüler wird schnell gefügig gemacht. Sobald es mit dem Lesen und Schreiben losgeht, kommen die ersten Aufgaben seiner Fibeln unter dem autoritären Gestus des Du daher: „Zeichne hier einen Baum, eine Kuh …“ Oder auch: „Schreibe die Namen der Blumen auf, die du kennst …“ Das ist nicht so schlimm, doch die Zeichen sind schon gesetzt.
In der Unterweisung im Katechismus, heute Katechese genannt, ist das Du ebenfalls die Regel, doch hier hinterlässt es tiefere Spuren, handelt es sich doch um bedeutendere Dinge: Hier wird die Seele selbst dem Du ausgesetzt. Der von den französischen Bischöfen herausgegebene Abriss des Katechismus für die Jugend mit dem Titel „Pierres vivantes“, der wegen gewisser Ungeheuerlichkeiten seines Inhalts eine Menge Tinte in kritische Kommentare fließen ließ, macht den Schüler auf dem Schleichweg des Duzens zum Komplizen, nicht zu jemanden, der sich souverän verhalten kann.
Das alles erscheint so selbstverständlich, dass meines Wissens bislang noch niemand diesen Aspekt der Dinge hervorgehoben hat. Man geht schlicht davon aus, damit das Wohlgefühl der Kinder zu steigern. Auf den ersten Blick scheint das zu stimmen. Diese Form der Nivellierung kommt sacht daher und sieht ganz natürlich aus. Aber das ist es gerade, was unser Misstrauen erwecken sollte …
Denn in dieser großen Schlacht der Gesellschaft, die unser Land seit langem spaltet und die noch lange nicht ausgefochten ist, was immer die Politik an Wechselbädern bringen mag, sind unsere Kinder ein riesiges Streitobjekt: verkörpern sie doch die Zukunft. All das spielt sich vor unseren Augen ab, und unsere Kinder werden im Namen des Egalitarismus und einer unterschwelligen Uniformität der elementaren Ehrerbietung und der Achtung beraubt, die wir ihnen schulden.
Das Du, das aus dem Mund des Lehrers, und sei er auch Privatlehrer, kommt und der meisten Pädagogen ist vor allem als politische Handlung aufzufassen, auch wenn das keinem bewusst sein mag. Es ist ein Teil der Abrichtung, und demgemäß sind seine Wirkungen. Mittlerweile duzen sich bereits viele erwachsene Franzosen und alle Jugendlichen in einer Atmosphäre sentimentaler Vertraulichkeit, die man heutzutage Geselligkeit nennt, ein Wort, das eigentlich nach Pedanterie und erhobenem Zeigefinger schmeckt. Von der Geselligkeit zur Pöbelhaftigkeit, der Weg ist nicht weit.
In zahlreichen Unternehmen wurde das Duzen zu einem ungeschriebenen Gesetz, das man nur unter der Gefahr übertreten konnte, als Spießer gebrandmarkt zu werden, wohingegen das Siezen unter den Freunden von einst als Zeichen der Zugehörigkeit zu einer Kaste galt, einer Kaste, keiner Klasse.
Im Schoß der kommunistischen wie der sozialistischen Partei, in der „Republik der Kameraden“, herrscht das strenge Regiment des Duzens. Einzig François Mitterand machte hier eine Ausnahme, als er Erster Sekretär seiner Partei war. Er verabscheute es, wenn man ihn duzte, und er ging so weit, dies zu verbieten, was in meinen Augen hinreichend unter Beweis stellt, dass sein Sozialismus auf dem Papier stand, nicht ins Herz eingeschrieben war.
Aber für den gemeinen Franzosen gilt es heutzutage, nicht stolz aufzutreten, und dieses Wort ist sinnigerweise bei all dem, was es an Würde und Hochgefühl verströmt, zu einem der neuen Parias unserer Sprache geworden.
Das mag alles sympathisch daherkommen, kameradschaftlich und von Herzenseinfalt geprägt. In Wahrheit indes ist es nichts weniger als eine Falle. Wenn die Usancen der Sprache fallen, verliert der Einzelne seinen natürlichen Halt und sinkt auf das niedrigste Niveau der Gesittung. Ein anderes Ziel hat auch die Zerstörung der französischen Sprache nicht, die man in den subversiven Laboratorien der nationalen Erziehung vorbereitet, wir verspüren schon die Auswirkungen …
Ich wurde jedenfalls anders erzogen. Ich erinnere mich an die Stimme des Lehrers, die mich vom Katheder herab anfiel: „Raspail, schreiben Sie das hundert Mal nacheinander … „ oder: „Raspail, verlassen Sie den Raum!“
Ich war neun. Das war kurz vor dem Krieg, in einer laizistischen Schule der Stadt. Später auf dem Gymnasium (und es hatte auch hier Folgen, dass man gewisse Verhaltensformen durchbrochen hat) würdigten uns die Professoren der Anrede „Mein Herr“ ohne jeden spöttischen Vorbehalt. „Herr Raspail, kommen Sie bitte an die Tafel!“ Unter den Mitschülern haben wir uns gesiezt, das Du reservierten wir einer kleinen Schar auserwählter Kameraden.
Auswählen, da haben wir es! Nichts nur den Üblichkeiten überlassen, auch nicht das Du aus dem Mund des Schulkameraden, und schon gar nicht aus Raison vor den höheren Rängen.
Es gab zu meiner Zeit eine Ausnahme: die Pfadfinder. Ich erinnere mich, wie ich nicht schlecht gestaunt habe, als ich jene eindrucksvolle Gestalt in ihren kurzen Hosen duzen musste, den Pfadfinderführer, der schon mindestens dreißig Jahre zählte, und auch darüber, dass sich in den Gruppen alle mit einer gewissen Würde duzten. Doch handelte es sich dabei um eine Kastensitte, ein Zeichen der Anerkennung, das einzig den Eingeweihten vorbehalten war, wie die Begrüßung mit der linken Hand, die Verpflichtungserklärung, die Skalps der Sippen, denn das Pfadfinderwesen verfügt über das Genie der Originalität, es brennt auf Einzigartigkeit, und darauf waren wir nicht wenig stolz. Man konnte sich prächtig von der Masse abheben und sich Stufe für Stufe in der Hierarchie dieses neuen Rittertums hocharbeiten, doch musste man sich zuvor seiner würdig erweisen.
Auf der anderen Seite schuldete man Gott das Sie. Das schien uns einfach sonnenklar zu sein. Das gesungene Gebet der Pfadfinder beginnt so: „Herr Jesus, lehren Sie mich, großherzig zu sein und Ihnen zu dienen, wie es Ihnen gebührt …“ Das ist das schönste Gebt, das ich kenne. Es geschieht mir noch immer, dass ich es bete. Spürt man, wie die Musik der Worte ganz anders erklänge, würde es in der zweiten Person Singular gesungen, und wie es anders zur Seele spräche: „… Dir zu dienen, wie es Dir gebührt.“? Das klingt spröde und lässt die Größe vermissen, es baut keine Distanz auf und sagt sich als bloße Formel dahin. Und doch ist das heute die Form, mit der man sich an die Gottheit wendet, man behelligt sie mit dem alleralltäglichsten Du. Und der ganze Rest ging nach und nach in die Binsen: die Liturgie, die Sprache des Gebets, die religiöse Musik, die Hierarchie, es folgten die Verweltlichung des Klerus, die Banalisierung des eucharistischen Mysteriums, wenn man sich nur an die offensichtlichen Beschädigungen hält. Gott ist Mitglied der sozialistischen Partei geworden. Man hat ihn zu duzen.
Was die Sitten oder besser die Haltungen betrifft, so habe ich mir vorbehalten, auch die Kinder zu siezen, die mir nicht vertraut sind, und ich nenne „Mein Herr“ und „Gnädige Frau“ die jungen Leute, die ich zum ersten Mal treffe. Hat sich ihre Verblüffung gelegt, dann begegnen sie mir mit größerer Sympathie, und ich habe sogar den Eindruck, dass sie mir dankbar sind. Unsere Gespräche nehmen einen besseren Verlauf, und die Jungen bemühen sich um einen guten sprachlichen Ausdruck, das heißt, sie bemühen sich, ein fehlerloses Französisch zu sprechen, als habe die Tatsache, dass man sie mit Achtung behandelt, ihnen neue und heilsame Verpflichtungen auferlegt. Die Formen der Verneinung und die Lautbindungen im Satz (je nʼai pas statt jʼai pas, cʼest un an statt cʼest-h-un usw.) und die Aussprache erholen sich (je suis statt chuis, je ne sais pas statt chais pas usw.), der Geschmack an sprachlicher Eleganz wird wieder lebendig. Machen Sie einmal selbst den Versuch, Sie werden sehen! Die Würde der Sprache und die Würde der Person erfüllen sich zumeist eins im anderen. Das ist ja der Grund, warum es zurzeit so elend bestellt ist um die Sprache …
Soll ich es wagen, hier zu gestehen, dass mich meine Kinder siezen und dass sie auch ihre Mutter siezen? Und dies seit Kindesbeinen an und ganz ohne dadurch traumatisiert worden zu sein. Ohne jemanden zu etwas bekehren zu wollen, das wie eine eitle Prätention anmuten mag, sollten wir doch festhalten, dass die Umgangssprache im Schoß der Familie durch das Siezen auf natürliche Weise kultiviert wird. Und selbst in den Auseinandersetzungen zwischen Kindern und Eltern am Ende der Pubertät mildert der Gebrauch des Sie die Frechheit und vermeidet manche Wunde. Das gilt auch im Verhältnis der Eheleute untereinander, auch wenn das Siezen zwischen Ehegatten heutzutage als ethnographische Kuriosität gilt, und nur Gott allein noch um all die heilsamen Dienste weiß, die es bereiten kann. Ich halte es so seit den fünfunddreißig Jahren, die ich verheiratet bin. Es ist dies ein unterhaltsames Spiel, dessen man nie überdrüssig wird. Selbst in der ganz zur Routine gewordenen Kommunikation wird das Ohr durch das Sie angenehm überrascht. Die Eheszenen, die ich erwähnte, könnten, mit einiger Verve gespielt, sich zu einem hübschen Schauspiel erheben. Man ist geneigt, sich Beifall zu spenden und nach dem Stück gemeinsam auf dem Land zu Abend zu essen. Alle Frauen, die in meinem Leben eine Rolle spielten, habe ich stets gesiezt, und sie taten es mir gleich, gleichsam um der Ehre der Liebe willen. Darf ich hoffen, ohne zu sehr daran zu glauben, dass ein junges Paar, das von dieser Sittengeschichte erfährt, sich davon überzeugt oder zumindest so neugierig ist, damit einen Versuch zu machen? In der Öffentlichkeit würden sie damit Staunen erwecken, was schon genugtuend wäre in Zeiten einer Uniformität, in der die Umgangsformen auf das Mittelmaß gedrückt werden. Im Stillen können sie sich dann über tausend und eine Subtilität der Mitteilung über das Sie amüsieren, und ich wette darauf, dass sie diesen Weg nicht sobald verlassen werden.
Kommen wir zu einem anderen Bereich: Ich nahm kürzlich an der Beerdigung eine guten Freundes teil, Christian mit Vornamen, doch hatte er auch einen Familiennamen, eine recht hübschen zudem. Indes, der Priester, der ihn niemals lebend gesehen hatte, ja der ihn überhaupt noch nie gesehen hatte, übergoss ihn mit „du“ und „dich“, gemäß den kläglichen Bestimmungen für die Beerdigungsfeier: „Christian, der du … Christian, dich … Christian, dich möge Gott … und deine Familie …“ Genauso wie es den Kindern ergeht, die sich auch nicht wehren können! In wessen Auftrag, in wessen Namen soll die Vertraulichkeit ihre zähflüssigen Wogen auch noch über die Särge ergießen? Hat der große Prediger Bossuet die Fürsten geduzt, für die er die Leichenreden hielt? Und ist doch jeder Tote ein König, der am Ende gekrönt wird und geheiligt für immer. Doch ward der Vatersname von Christian, ohne den der Taufname nichtig ist, nicht ein einziges Mal genannt! Dann doch gleich das obligatorische Massengrab, der gesichtslose Schlamm …
Und doch stutze ich, wenn ich nurmehr den Vornamen nennen höre, anstatt des Vatersnamens, ob nun mit oder ohne Vornamen, und dies in allen Situationen des Alltags, wo man gewiss nicht seinen Personalausweis zu zücken pflegt: „Wie heißt du?“ „Klaus.“ „Ich heiße Beate.“ Klaus wer? Beate wer? Die Beteiligten selbst scheinen sich darum nicht zu kümmern. Es gibt abertausende Leute, die Klaus oder Beate heißen, indes es gibt nur einen Klaus X., nur eine Beate Z. Doch man gefällt sich in der Anonymität. Auf ihren Wassern schwimmt man behaglich, lässt man sich genüsslich treiben. Man verursacht aber keine Wellen, bleibt mit den Abertausenden auf Augenhöhe, man verspürt kein Bedürfnis danach, seinen Namen wie eine Fahne flattern zu lassen und über der Menge zu schwenken.
Doch verlieren wir nicht die Zuversicht. Uns bleibt ja, einem jeden, die PIN-Nummer seines Bankkontos. Das ist es, was zählt.
Ich kenne sogar welche, die sich darum schlagen würden …
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