Francis Jammes, Ce fils de paysan
Ce fils de paysan qui était bachelier,
nous avons suivi son convoi le long des lierres.
Le Dimanche il quittait la petite ville
et il allait déjeuner avec sa famille.
L’après-midi, me disait-il, j’y lis Virgile.
En pensant à cela mon cœur s’enfle et se tord
— et je sens dans l’azur comme un parfum de mort.
Oui, tu lisais Virgile, ami.
Car l’on t’avait appris le latin dans un triste et pieux collège.
Ton père aux mains de terre, ta mère aux mains dechanvre,
étaient joyeux de voir dans ta petite chambre les dessins
qui faisaient de toi un bon élève.
Et, pendant qu’il faisait soleil ou de la neige,
pendant que se pliaient les blés aux tiges bleues,
à cause de leur fils ils étaient bien joyeux.
Des mots compliqués n’avaient pas gâté ton âme.
Tu étais pareil à la modestie du village
lorsque les cheminées fument aux pieds de Dieu
et que s’arrêtent, en tournant le cou, les bœufs.
Virgile, c’est pour moi, ami, ce que tu fus :
quelque dimanche soir — si triste —
où une flûte de coudrier chantait comme une pluie de nuit…
Une ruche.
Un mouton.
Un laurier-thym et puis une tombe où, respectueux, on jette du buis.
Jener Junge vom Land
Jener Junge vom Land, er war Abiturient,
wir folgten seinen Schritten im Festzug unter Lorbeerzweigen.
Sonntags kam er immer aus der kleinen Stadt,
um im Kreise seiner Familie zu frühstücken.
Am Nachmittag sagte er mir: Ich habe dort Vergil gelesen.
Wenn ich daran denke, schwillt mir das Herz und krampft sich zusammen
– und ich wittere im Blau des Himmels einen Duft des Todes.
Ja, Freund, Vergil lasest du.
Man hat dich nämlich Latein gelehrt, in einem öden und frommen Kolleg.
Dein Vater, die Hände aus Erde, deine Mutter, die Hände aus Hanf,
sie waren froh, als sie in deiner kleinen Stube die Bilder erblickten,
die dich als guten Schüler zeigten.
Und während die Sonne schien oder Schnee fiel,
während der Weizen sich bog auf blauen Halmen,
da waren sie froh, einen solchen Sohn zu haben.
Schwierige Vokabeln hatten deine Seele nicht verdorben.
Du bliebst bescheiden wie das Dorf,
wenn Rauch aus den Schornsteinen zu Gottes Füßen steigt
und die Rinder den Hals herumbiegen und verharren.
Vergil, das ist mir, Freund, was du einst warst:
Ein Sonntagabend – so traurig –,
da eine Flöte aus dem Zweig der Hasel ertönte wie ein Regen der Nacht …
Ein Bienenstock.
Ein Schaf.
Ein wilder Lorbeer und auch ein Grab,
in das man, ehrfurchtsvoll, Buchsbaumzweige wirft.
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