Charles Baudelaire, Les projets
Aus: Le Spleen de Paris (Petits Poèmes en Prose)
Il se disait, en se promenant dans un grand parc solitaire : « Comme elle serait belle dans un costume de cour, compliqué et fastueux, descendant, à travers l’atmosphère d’un beau soir, les degrés de marbre d’un palais, en face des grandes pelouses et des bassins ! Car elle a naturellement l’air d’une princesse. »
En passant plus tard dans une rue, il s’arrêta devant une boutique de gravures, et, trouvant dans un carton une estampe représentant un paysage tropical, il se dit : « Non ! ce n’est pas dans un palais que je voudrais posséder sa chère vie. Nous n’y serions pas chez nous. D’ailleurs ces murs criblés d’or ne laisseraient pas une place pour accrocher son image ; dans ces solennelles galeries, il n’y a pas un coin pour l’intimité. Décidément, c’est là qu’il faudrait demeurer pour cultiver le rêve de ma vie. »
Et, tout en analysant des yeux les détails de la gravure, il continuait mentalement : « Au bord de la mer, une belle case en bois, enveloppée de tous ces arbres bizarres et luisants dont j’ai oublié les noms….., dans l’atmosphère, une odeur enivrante, indéfinissable….., dans la case un puissant parfum de rose et de musc…., plus loin, derrière notre petit domaine, des bouts de mâts balancés par la houle….., autour de nous, au delà de la chambre éclairée d’une lumière rose tamisée par les stores, décorée de nattes fraîches et de fleurs capiteuses, avec de rares siéges d’un rococo Portugais, d’un bois lourd et ténébreux (où elle reposerait si calme, si bien éventée, fumant le tabac légèrement opiacé !), au delà de la varangue, le tapage des oiseaux ivres de lumières, et le jacassement des petites négresses….., et, la nuit, pour servir d’accompagnement à mes songes, le chant plaintif des arbres à musique, des mélancoliques filaos ! Oui, en vérité, c’est bien là le décor que je cherchais. Qu’ai-je à faire de palais ? ”
Et plus loin, comme il suivait une grande avenue, il aperçut une auberge proprette, où d’une fenêtre égayée par des rideaux d’indienne bariolée se penchaient deux têtes rieuses. Et tout de suite : « Il faut, — se dit-il, — que ma pensée soit une grande vagabonde pour aller chercher si loin ce qui est si près de moi. Le plaisir et le bonheur sont dans la première auberge venue, dans l’auberge du hasard, si féconde en voluptés. Un grand feu, des faïences voyantes, un souper passable, un vin rude, et un lit très-large avec des draps un peu âpres, mais frais ; quoi de mieux ? »
Et en rentrant seul chez lui, à cette heure où les conseils de la Sagesse ne sont plus étouffés par les bourdonnements de la vie extérieure, il se dit : « J’ai eu aujourd’hui, en rêve, trois domiciles où j’ai trouvé un égal plaisir. Pourquoi contraindre mon corps à changer de place, puisque mon âme voyage si lestement ? Et à quoi bon exécuter des projets, puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? »
Die Pläne
Er sagte sich, während er in einem weitläufigen, einsamen Park spazierenging: „Wie schön sie in einem höfischen Festgewand, gefältelt und prunkend, aussähe, wenn sie durch die Luft des Sommerabends die Marmorstufen des Palastes zu den weiten Rasenflächen und den Wasserbecken herabschritte! Sie hat ja von Natur die Aura einer Prinzessin!“
Als er später eine Straße entlangging und vor einem Schaufenster mit Stichen verweilend eine kolorierte Zeichnung einer tropischen Landschaft entdeckte, sagte er sich: „Nein, ich mag ihr liebes Dasein nicht in einem Palast genießen. Dort wären wir nicht unter uns. Auch ließen jene golddurchwirkten Wände keinen Platz, ihr Portrait anzubringen; in diesen feierlichen Hallen gäbe es keinen Winkel für Vertraulichkeiten. Es ist klar, dort sollten wir uns aufhalten, damit der Traum meines Lebens Blüten treibe.“
Und während er die Augen prüfend über die Feinheiten des Stiches wandern ließ, setzte er seinen inneren Monolog fort: „Am Ufer des Meers, eine schöne Holzhütte, umstanden von seltsamen, leuchtenden Bäumen, deren Namen ich vergessen habe … die Luft voll von berauschendem, unnennbarem Wohlgeruch … im Innern der Hütte ein schwerer Duft von Rosen und Moschus … in der Ferne, hinter unserem kleinen Haus, Segelboote, die auf den Wogen schaukeln … um uns herum, jenseits des Zimmers, erhellt von einem rosigen Licht, das die Vorhänge dämpfen, geschmückt mit kühlen Matten und betörenden Blüten, mit seltenen Sesseln aus dem portugiesischen Rokoko, von schwerem und düsterem Holz (wo sie sich ausruhen würde, so still, vom Fächeln gekühlt, Tabak rauchend, leicht mit Opium versetzt!), jenseits der Veranda das Gekreisch der Vögel, die trunken sind vom Licht, und das Geplapper kleiner Negerinnen … und in der Nacht, meinen Träumen das Geleit zu geben, der Klagegesang tönender Bäume, schwermütiger Filao-Bäume! Ja, dort ist die Kulisse, nach der ich gesucht habe. Was soll mir da ein Palast?“
Wie er auf der großen Avenue weiterschritt, gewahrte er eine hübsche Herberge, und aus einem Fenster, das durch bunte Kattunvorhänge eine heitere Stimmung verbreitete, lehnten sich zwei lachende Köpfe. Und sogleich sagte er sich: „Mein Denken muß wohl ein ziemlicher Vagabund sein, daß es in der Ferne sucht, was vor meinen Augen liegt. Lust und Glück, sie wohnen in der nächstbesten Herberge, in der Herberge des Zufalls, die von Vergnügungen überquillt. Ein großes Kaminfeuer, grelle Fayencen, ein leidliches Abendessen, ein herber Wein und ein breites Bett mit etwas rauhen, aber frischen Laken – was braucht es mehr?“
Und als er allein nach Hause zurückkehrte, zu eben der Stunde, da die Ratschläge der Weisheit nicht mehr vom Dröhnen des äußeren Lebens übertäubt werden, sagte er sich: „Ich träumte mich heute an drei Orte, wo ich jedesmal dasselbe Vergnügen empfand. Wozu meinen Leib von Ort zu Ort schleppen, wenn meine Seele so leichtfüßig Reisen unternimmt? Weshalb Pläne überhaupt ausführen, wenn Pläne schmieden an sich schon einen befriedigenden Genuß gewährt?“
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