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Francis Jammes, J’aime dans le temps

15.12.2018

Aus: De l’Angélus de l’Aube à l’Angélus du Soir

J’aime dans le temps Clara d’Ellébeuse,
l’écolière des anciens pensionnats,
qui allait, les soirs chauds, sous les tilleuls
lire les magazines d’autrefois.

Je n’aime qu’elle, et je sens sur mon coeur
la lumière bleue de sa gorge blanche.
Où est-elle? Où était donc ce bonheur?
Dans sa chambre claire il entrait des branches.

Elle n’est peut-être pas encore morte
-ou peut-être que nous l’étions tous deux.
La grande cour avait des feuilles mortes
dans le vent froid des fins d’Été très vieux.

Te souviens-tu de ces plumes de paon,
dans un grand vase, auprès de coquillages?…
on apprenait qu’on avait fait naufrage,
on appelait Terre-Neuve: le Banc.

Viens, viens, ma chère Clara d’Ellébeuse:
aimons-nous encore si tu existes.
Le vieux jardin a de vieilles tulipes.
Viens toute nue, ô Clara d’Ellébeuse.

 

Ich liebe Clara d’Ellébeuse seit Jahr und Tag,
die Schülerin im alten Mädchenheim gewesen
und war der Abend lau gern unter Linden lag,
in vergilbten Illustrierten dort zu lesen.

Ich liebe sie allein, mein Herz wirft mir zurück
das blaue Licht von ihres Halses heller Neige.
Wo ist sie nun? Wo ist mir dieses Glück?
In ihr durchsonntes Zimmer ragten Zweige.

Sie ist nicht etwa schon gestorben,
und wenn, sind wir es alle beide.
Der große Hof war voll mit Blättern, abgestorben
im kalten Winde, Sommers längst zerschlissenem Kleide.

Weißt du noch, wie Pfauenfedern schlank
aus hoher Vase bei den Muscheln ragten,
was sie vom Untergang der Schiffe sagten,
bei Neufundlands versandeter Bank?

Komme, komm, Clara d’Ellébeuse:
Lieben wir uns wieder, wenn du noch am Leben bist.
Der alte Garten glänzt im alten Tulpenvlies.
Komm ganz nackt, o Clara d’Ellébeuse.

 

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